Le sexe féminin a longtemps été représenté pour symboliser la maternité, puis a totalement disparu de l’art parce que jugé obscène.
Depuis les temps immémoriaux les déesses ont été représentées nues comme le montrent ces photos :
Venus Montpazier Venus de Willendorf
Leur sexe de femme est clairement visible. Il est symbolisé par une fente. Au paléolithique, les artistes n’avaient donc aucune difficulté à montrer le corps de la femme dans son intégralité. Les vulves peuvent être représentées par une fente ou largement ouvertes. Selon une étude (Réalisme de l'image de la femme paléolithique - Duhard - Hominidés (hominides.com) ) l’ouverture de la vulve est associée à un ventre rond et proéminent, certainement de façon à accentuer la grossesse et l’accouchement.
La question est de savoir quand et où la vulve est devenue une partie du corps à cacher ?
La vulve a été censurée à l’époque des romains et des grecs (Depuis quand la vulve est-elle obscène ? (theconversation.com) alors que les pénis étaient glorifiées dans la statuaire. Cependant les grecs et les romains représentaient le sexe masculin petit pour mettre en avant l’intellect et la rationalité. Un petit pénis est un signe de noblesse et de supériorité culturelle. La vulve n’était représentée que sur des objets destinée aux femmes en rapport avec la fécondité.
Contrairement au phallus, véritable porte-bonheur aux vertus bénéfiques selon l'imaginaire de l'époque, le clitoris était perçu comme un danger potentiel pour les hommes. Les Grecs et les Romains avaient peur du clitoris
Pourtant à l’époque grecque subsiste la déesse Baubo (liée à Déméter dans le mythe de Perséphone) dont le sexe est représenté sous son visage qui prend la place de son ventre.
Le sexe est alors associé au rire et aux plaisanteries grossières. Le rire redonne de l’énergie lors de dépressions. Cette déesse rappelle aux femmes leur pouvoir de sagesse, de guérison et de créativité.
Depuis l’Antiquité, le rire était considéré comme contraire à l’image de la femme modeste et pudique. Celle qui pouffait en public était volontiers assimilée à une prostituée ou encore, plus récemment, à une folle hystérique, tandis que l’homme qui plaisantait, même de manière très osée, ne faisait pas l’objet d’une semblable réprobation.
C’est une forme de grossièreté positive qui délivre un message tout à fait sérieux : Baubo rappelle à la déesse la puissance féminine que représente la vulve, promesse de maternités futures. On peut donc aussi voir dans ce spectacle un geste de solidarité entre femmes.
Lorsque Perséphone, la fille bien aimée de la Déesse Grecque de l’Agriculture, Déméter, a été enlevée par le Dieu des enfers, Hadès, dans le monde souterrain, Déméter est tombée en dépression. Elle décida de ne plus rien laisser pousser jusqu’à ce que sa fille lui soit rendue. On essaya de la sortir de cet état mais en vain.
Un jour, alors qu’elle était assise au bord d’un puits, Déméter fut approchée par une drôle de petite bonne femme du nom de Baubo. Lors de leur conversation Baubo glissa une blague paillarde, ce qui fit sourire la Déesse. Puis Baubo souleva ses jupes, révélant son sexe et ses seins, et commença à danser autour de la Déesse de manière sensuelle et débridée. Déméter, choquée par cette vision grotesque explosa de rire, ce qui la sortit de son état dépressif.
Cette histoire décrit la puissance de se reconnecter avec les parties que nous réprimons ou enfouissons, ce qui cause la baisse de notre vitalité. Le rire nous connecte à notre essence profonde. Comme pour Déméter le rire ramène à la vie, à la fertilité et la croissance est restaurée.
Il existe un mythe japonais mystérieusement identique à celui de Baubo dans lequel la déesse-soleil Amaterasu, en colère, prive le monde de lumière jusqu’à ce qu’une déesse, , fasse rire le ciel par la grâce de son vagin subitement révélé.
L’obscénité n’existe pas en elle-même. C’est une convention sociale qui varie selon les époques et les lieux. Dans d’autres cultures et à d’autres époques, la femme est représentée de manière beaucoup plus crue comme le montre ses images :
Les Gargouilles de nos églises et cathédrales ne sont pas en reste :
Poitiers
La Déesse Lajja Gauri, Déesse de l’abondance, de la fertilité et de la sexualité en Inde pourrait symboliser l’accouchement du monde.
Sheela Na Nig
Les Sheela Na Gigs seraient des protections contre le diable et la mort, de même que les gargouilles et les représentations grotesques de démons dans les églises et cathédrales d'Europe.
La plus célèbre des Sheela Na Gig se trouve dans l'église de Kilpeck, dans l'Ouest de l'Angleterre (photo ci-dessus). Néanmoins, ces sculptures sont plus nombreuses en Irlande(101 recensées) qu'au Royaume Uni (45 recensées).
Tlazolteotl, Déesse Aztèque du plaisir et du repentir
Les Dakinis sont les déesses mères du Tibet, et si elles proviennent de cultes chamaniques Bön antérieur au bouddhisme, elles sont les gardiennes de la voie tantrique et accompagne le pratiquant vers l’éveil. Ces divinités sont très ambivalentes, à la fois terrifiantes et magnifiques, qui aident les dévots mais les effrayent aussi. Elles pratiquent parfois avec eux du sexe magique (« karma mudra »), qui permet de les illuminer. Mais elles sont également des sortes de sorcières qui aiment la magie de la Mort, c’est pourquoi elles sont souvent représentées avec des colliers de crânes autour du cou.
Bien que Venus cache son sexe sur ce tableau de Botticelli, un détail représente sa vulve :
La coquille est une évocation du sexe féminin. Associée à l’eau qui est son élément vital, elle symbolise l’idée de fécondité et de plaisir sexuel.
Dans la religion catholique apparaît un autre symbole : la mandorle.
Une mandorle est une figure en forme d’ovale ou d'amande dans laquelle s’inscrivent des personnages sacrés : le plus souvent le Christ, mais aussi la Vierge Marie ou les saints.
Une interprétation de la mandorle serait la représentation imagée et symbolique du sexe féminin, allégorie de la vie, de la procréation et de la fertilité
Voici des représentations de la Vierge Marie en Mandorle qui ressemblent fortement à une vulve. Ce sont des interprétations contemporaines d’artistes.
Cependant il est des vestiges, comme cette vulve pèlerine au bâton phallique et au rosaire datant de la fin du 14ème siècle, qui témoignent de pratiques païennes détournées par les premiers chrétiens pour éloigner le mauvais œil lors de l’épidémie de peste.
Ces vestiges nous montrent que la vulve est loin d’être obscène. Elle est ! A nous, les femmes, de nous réapproprier sa beauté et sa puissance. Chérissons-la, comme une partie sacrée de notre corps et honorons-la.